Otherkin et appropriation culturelle

Pour commencer, lisez ce petit article sur l'appropriation culturelle : https://equimauves.wordpress.com/2014/06/14/petites-notes-sur-lappropriation-culturelle/
Si on en croit donc la parole des intéressé-e-s, l'appropriation culturelle est avant tout un outil de l'impérialisme et de la colonisation qui est utilisé envers les minorités asservies. C'est la transformation des croyances des autres en pop-culture, en clichés et en effets de mode. La culture de l'autre est vue comme « tendance » et donc volée et appropriée pour en faire par exemple un outil marketing. Elle engendre et perpétue les stéréotypes. Elle se passe sans le consentement de la culture vampirisée, ce n'est donc pas un échange, contrairement à ce que peuvent prétendre certaines personnes.

Or, l'otherkisme se rapproche de certaines croyances d'autres cultures. Les combattants Berserk dans les cultures nordiques se changeaient spirituellement en animaux afin de mieux combattre. Dans la Kabbale juive, les humain-e-s ont deux âmes, une âme animale qui dirige les instincts et une âme divine qui dirige la raison. De nombreuses cultures parlent de garous, humain-e-s capables de se changer en animaux. Chez les natif-ve-s d'Amérique du Nord, certains ancêtres sont des animaux pouvant prendre forme humaine. Dans le shamanisme, les shamans peuvent prendre les caractéristiques des animaux. Dans de nombreuses parties du monde comme l'Amérique, l'Afrique et l'Australie, les hommes à l'âge adulte créent un lien avec un animal-esprit.

Nombreuses sont les peuplades aux croyances similaires à l'otherkisme, jusqu'à la lycanthropie européenne. Mais la plupart de ces peuplades ne sont pas européennes, donc les personnes blanches se disant être otherkines risqueraient donc de faire de l'appropriation culturelle ?

Pour le savoir il faut remonter aux racines historiques de l'otherkisme.

Les racines de l'otherkisme moderne remontent aux communauéts « elfiques » des années 1960. C'est une culture héritée des hippies et des « flower children » et influencée par J.R.R. Tolkien. Les premiers otherkins étaient des elfes, issus donc du folklore européen. C'est dans les années 1990 que sont apparues d'autres espèces d'otherkins et de thérians, dont les plus connus sont les dargons et les loups. (source : http://orion.kitsunet.net/time.pdf ) Il s'agit là de sources belles et bien « blanches » et qui ne sont pas une imitation de croyances d'autres peuples.

Plus encore, l'otherkisme et la thérianthropie se rapprochent à la fois de la lycanthropie clinique, et du syndrome d'Asperger. Dans les deux cas il y a des comportements animaux ou du moins, qui ne sont pas socialement acceptables dans les cultures blanches comme les bruits animaux, des comportements bestiaux, et parfois une difficulté à s'identifier ou à s'adapter à la culture environnante. Il y a dans le cas de la lycanthropie clinique, l'existence de shifts durant lesquels le comportement devient totalement animal. Le sentiment de dysphorie des otherkins et thérians peut être mesuré non seulement chez ces communautés mais également chez les furries ( https://en.wikipedia.org/wiki/Species_dysphoria ). Les membres fantômes surnuméraires peuvent être mesurés au scanner ( https://en.wikipedia.org/wiki/Supernumerary_phantom_limb ).

Le terme de trans-espèce est utilisé par les scientifiques pour désigner ces phénomènes de dysphorie d'espèce. Malheureusement ce terme offre un parallèle avec les personnes transgenres qui ne reflète pas la disparité de souffrances et de luttes sociales entre les deux communautés.

En conclusion, être otherkin de nos jours n'est pas de l'appropriation culturelle. En effet les origines des communautés blanches européennes actuelles sont différentes de celles des croyances ancestrales des cultures non-blanches. Les otherkins actuel-le-s ont bien leur propre origine, partiellement blanche (mouvement hippie, monde de Tolkien) et partiellement psychologiques (les études sont rares malheureusement) donc universelles.